L’homme à la poussette a testé pour vous « Les ti-punchs »

Je ne fais pas de cocktails. J’aime bien (les bons) cocktails, mais je n’en fais pas ; à une exception près : le ti-punch, qui est pour moi la boisson parfaite !
On peut se demander si c’est d’ailleurs vraiment un cocktail, tant il est simple à élaborer (et tout aussi simple à louper). Mais dans la mesure où nous avons bien un alcool (oui, du rhum !), mélangé à d’autres ingrédients, il a tout à fait sa place dans la catégorie « cocktails ».
Justement quelle est la recette ? C’est assez simple : du rhum, du sucre et du citron.

Ti-Punchs

C’est parti : Old Nick, citron jaune et aspartame !

Cependant il faut être un peu plus précis, sous peine de se retrouver avec un truc infect.
Le rhum pour commencer (à tout seigneur, tout honneur). Il doit être blanc et pur jus de canne. L’origine n’importe pas des masses, vous n’aurez pas énormément de provenances différentes possibles de toute manière ; d’autant plus que ce rhum devra être au moins à 50% ; donc par exemple, exit la Thaïlande avec ses rhums à 40%. J’aime les rhums agricoles thaïlandais, mais je les trouve plus adaptés à la dégustation.
Vous avez l’embarras du choix si vous ciblez la Guadeloupe et la Martinique, ou pourquoi pas la Guyane Française et sa Belle Cabresse. Et là c’est vraiment une histoire de goût ; j’ai par exemple longtemps privilégié les rhums martiniquais, mais depuis ma découverte des blancs Longueteau et, entre autres, de leurs cannes rouges parcellaires, je suis beaucoup moins monomaniaque (sauf pour les rhums vieux :P).
A nous le citron maintenant ! On parle bien évidemment ici de citron vert. Si vous avez la possibilité de trouver des citrons qui viennent des Antilles (et tant qu’à faire bio), préférez-les aux mexicains (par exemple). Gustativement il y a des différences et il y aura moins de saloperies sur leur peau.
Le sucre pour finir. Là c’est moins clair, il y a plusieurs écoles. J’ai personnellement une préférence pour le sucre roux en poudre par rapport au sucre liquide, qui se mélange pourtant mieux et plus rapidement au rhum. J’aime précisément l’idée que le ti-punch va s’adoucir progressivement au fur et à mesure que le sucre fond, sans parler de la gourmandise d’un grain de sucre qui craque occasionnellement sous la dent.

Ti-Punchs

C’est simple : un tiers, un tiers, un tiers !

Autre élément primordial à la réussite de votre ti-punch : les proportions. Bien sûr, là aussi, tout est question de goût. Dans le cas où vous optez pour un rhum « haut de gamme », vous voudrez naturellement respecter le produit pour en profiter au maximum. N’ajoutez donc que très peu de sucre et de citron afin de ne pas dénaturer votre matière première et de pouvoir l’apprécier en tant que tel. Quand je parle d’avoir la main légère, cela veut dire une demi cuillère à café de sucre et un zest de citron vert. Si vous choisissez un rhum blanc « de base », alors il est possible d’y aller un peu plus franchement sur les autres ingrédients. Vous trouverez également des rhums blancs qui peuvent déjà être relativement doux, et qui nécessiteront donc moins de sucre ; encore une fois, à vous de trouver votre formule en fonction de vos goûts et de vos ingrédients.
Alors oui, un rhum agricole à 50% pratiquement pur, ça va être un peu raide pour vos amis qui ne boivent jamais de spiritueux et il faudra adapter votre dosage, sous peine de les voir devenir écarlate/tousser pendant plusieurs minutes/recracher leur boisson par le nez – vous pouvez rayer les mentions inutiles, ou garder les trois ☺
Une fois les ingrédients réunis, il vous faut mélanger tout ça, afin que l’alchimie se créé. Pour ce faire, il n’y a pas 36 solutions mais une seule : le bois lélé. A l’origine c’est une tige de bois dont la base se sépare en plusieurs petits bras permettant, lorsque l’on opère une rotation du bâton, de mélanger efficacement les ingrédients. Je vous avoue qu’il est plus facile de trouver – tout au moins en métropole – la version plastique de cet ustensile, certes moins authentique, mais tout aussi.
Dernière précision, j’enlève habituellement le zeste de citron après un moment, pour éviter qu’il ne déséquilibre l’ensemble.

Une sorte de perfection

Lorsque vous aurez trouvé le dosage qui vous convient, vraisemblablement après de nombreux tests (mais c’est pour la bonne cause), vous aurez alors devant vous la boisson parfaite ! Riche, intense, complexe, fraiche, sucrée, végétale, acide, gourmande, puissante… Le plaisir sous forme liquide.
Vous pourrez même – si vous êtes aventureux – tenter quelques expériences en mélangeant plusieurs rhums, selon vos goûts et selon les caractéristiques de chacune de ces bouteilles. Non, je ne vous conseille pas de vous préparer un ti-punch avec une douzaine de rhums différents ! Mais ce qu’il m’arrive de faire par exemple, c’est un ti-punch classique puis d’y ajouter une goutte de clairin (ce rhum blanc haïtien hyper aromatique) afin d’y apporter une dimension supplémentaire.
Il est aussi possible de remplacer le rhum blanc pour un rhum paille ou vieux, auquel cas, vous réaliserez alors un ti-vieux. Je ne suis personnellement pas fan car à mon sens le citron vert ne se marie pas très bien avec un rhum qui a passé du temps en fût, mais je dois avouer ne jamais vraiment m’être penché sur cette option.

« Le mouvement perpétuel à la portée de l’homme »

Je ne pouvais pas ne pas citer ce grand philosophe belge qu’est Jean-Claude Vandamme. En effet, il déclara, en parlant des cacahouètes, qu’elles mettaient le mouvement perpétuel à la portée de l’homme. Et bien je reprends cette phrase à mon compte et la transpose aux ti-punchs !
Il va falloir que je m’explique, je le sens bien. Un peu à l’image du fromage et du pain (oui je sais, juste dit comme ça, ça n’explique rien), lorsque vous arriverez vers la fin de votre verre, vous allez sans doute vouloir ajouter du rhum car, le sucre s’étant presque intégralement dilué, votre ti-punch sera trop doux. Or, vous allez ensuite vous apercevoir que vous avez mis trop de rhum par rapport au sucre et au citron restant et il va donc falloir rééquilibrer tout ça en ajoutant, en petites quantités, ces deux ingrédients. Et puis à force de siroter ce cocktail, vous allez vous rendre compte, une nouvelle fois, qu’il est trop sucré ; et la solution vous la connaissez, comme sa conséquence ; et ainsi de suite…
Pour ceux qui n’auraient pas compris l’analogie avec le pain et le fromage, n’avez-vous jamais constaté comme on a toujours trop de l’un ou de l’autre, ce qui pousse continuellement à reprendre celui qui manque ? Et ce jusqu’à avoir mal au ventre ou, plus vraisemblablement, jusqu’à épuisement des stocks. Bon, je déconseille cette approche avec des ti-punchs, car finir une bouteille de rhum va sans doute impliquer un peu plus qu’un simple mal de ventre…

Vous avez maintenant la recette, au propre comme au figuré, pour réussir un excellent ti-punch, alors allez-y, vous n’avez plus d’excuse pour passer à côté de la boisson parfaite.

 

Le site: Les rhums de l’homme à la poussette

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