Quand le rhum n’est-il plus du rhum ? Alexandre Gabriel

Pour répondre à la question directement, un rhum cesse d’être un rhum quand, à la dégustation, il n’a plus les caractéristiques de sa matière première qui est la canne à sucre sous ses différentes formes. Ce principe est central.

Alexandre Gabriel

« Vouloir codifier le rhum dans quelques formules simples voire simplistes en voulant le mettre dans des boîtes serait une grave erreur »

Alors, le travail du distillateur et du maître de chai est d’en faire un spiritueux superbe de caractère en travaillant selon sa technique qui lui est propre et qui souvent est l’héritage de son pays et son terroir. Ainsi, une rectification excessive par distillation à un degré trop fort pourra dénaturer le rhum. C’est pour nous le moment où il change alors de catégorie et devient de la vodka. Idem pour des filtrations au charbon actif qui seraient trop fortes et qui, ici encore dénatureraient le produit. Avec Plantation, nous travaillons et proposons des rhums avant tout pour leur caractère qui est tranché et marqué.

En effet, il faut bien penser le r(h)um en le connaissant dans la diversité de ses cultures et de ses savoirs. C’est fondamental. Vouloir codifier le rhum dans quelques formules simples voire simplistes en voulant le mettre dans des boîtes serait une grave erreur. Pour bien comprendre la richesse de la culture du rhum, il faut par exemple penser à celle du vin, de tous les vins du monde. Il paraît dérisoire voire ridicule de vouloir résumer ou codifier selon une règle unique pour tous les vins du monde (même cépage, même vinification etc.).

Il doit en être de même pour le rhum dont la richesse culturelle est comparable voire supérieure (et c’est un producteur de cognac qui le dit, ndlr). Il y a de nombreuses années qu’avec l’équipe qui œuvre passionnément à mes côtés pour le Rum Plantation nous étudions et pratiquons les éléments techniques et culturels du rhum et de leur diversité et que nous travaillons pour les connaître et les maîtriser parfaitement. C’est aussi parce que nous les connaissons bien que nous nous battons pour les préserver.

Au sein de l’équipe Plantation, nous avons d’ailleurs une discipline inflexible selon laquelle chacun de nous s’interdit de discuter ou critiquer (au sens étymologique du terme) une technique qu’il ne maîtrise pas. Nous pensons que l’ignorance est destructrice et que le plaisir vient avec le savoir. Nous sommes toujours atterrés de voir certains critiquer des techniques qu’ils ne connaissent ou ne maîtrisent pas car c’est forcément réducteur. C’est pour cela que nous avons par exemple importé des mélasses et du sirop de canne à Cognac pour distiller nous-mêmes. Pas pour faire un produit commercialisable mais pour comprendre davantage encore la matière première et les techniques de fermentation de façon non partisane. De la même façon que, pour le vin, les traditions et les cultures de production sont significativement différentes d’une région à l’autre.

Elles le sont aussi historiquement et géographiquement pour le rhum d’un pays à l’autre et c’est ce qui en fait un produit fascinant. C’est d’ailleurs ce que nous nous attachons inlassablement à mettre en valeur avec la gamme des Rums Plantation. 

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